Paris : un pied ici et l’autre là-bas, voyage dans des petites boutiques d’immigrés

D’un quartier à l’autre de Paris, les ambiances transportent dans différentes régions du monde. Des boutiques qui permettent aux immigrés de garder le contact avec le pays, mais aussi aux parisiens de découvrir des cultures multiples.

En sortant de la station de métro Barbes Rochechouart, les accents de la vie foisonnante transportent vers l’Afrique. Les odeurs d’épices des fast-foods et du marché remplissent les narines. Dans les petites rues plus calmes qui s’enfoncent dans le 18e arrondissement, les vitrines sont pleines de vêtements traditionnels et colorés. Les commerçant sont plutôt taiseux. Cem, tunisien, est salarié chez Bazin El Fouta, à l’angle des rues Erckmann-Chatrian et Polonceau. Sa boutique vend des tissus fabriqués au Danemark pour des clientes originaires du Mali, du Sénégal ou encore de Guinée.

Il n’a pas vraiment besoin d’être un spécialiste, les clientes connaissent la qualité de la maison et savent ce qu’elles veulent. « C’est un lieu de rencontre » selon Cem. Les acheteuses parlent leurs propres langues que le vendeur ne comprends pas. « Elles se conseillent et échangent même leurs numéros » sourit-t-il. Pour ces femmes, Bazin El Fouta est autant un lieu d’achat qu’une manière de se sentir « au pays ». 

« La part d’Italie qu’ils ont aimé »

De l’autre côté de Paris, près de la Place d’Italie, c’est dans une ambiance plus neutre que Laura – qu’elle prononce Laoura – vend des produits importés directement du pays de Dante. Elle choisit elle-même soigneusement les producteurs d’huile d’olive, de vinaigre balsamique ou encore de pâtes. Arrivée en France en 2011, elle a d’abord tenté de se lancer dans la communication événementielle. Elle était déçue des produits affichés italiens « qui sont tous de la même marque et viennent des mêmes grossistes ». Laura n’arrivait pas à retrouver les parfums de son pays natal.

Laura propose, 12 boulevard Arago, des produis importés directement d’Italie qu’elle sélectionne soigneusement en se rendant chez les producteurs.

Lorsqu’elle décide d’ouvrir une épicerie fine en 2017, son objectif affiché est de proposer aux français les vrais goûts de l’Italie. L’enseigne est révélatrice « La boussole del Gusto ». Ceux qui poussent la porte cherchent « des souvenirs du voyage qu’ils ont fait, la part d’Italie qu’ils ont aimé » lance-t-elle. Elle affirme que 80 % de sa clientèle est française. Pourtant les deux clients qui rentrent dans sa boutique ce milieu d’après-midi parlent italien avec l’épicière. « Je cherchais des pâtes de qualité, et nous sommes devenues amies » s’amuse Alexandra avec un accent Italien prononcé. Elle décrit Laura comme une passionnée du goût. La vendeuse se lance d’ailleurs, avec un sourire en coin et les yeux pétillants, dans une tirade sur la fabrication du véritable vinaigre Balsamique. 

Des petits commerces qui font voyager les papilles

L’accent est tout autre chez Adriana et Margot, qui laisse sortir dans la rue des Goncourt entre République et Belleville des odeurs difficilement reconnaissables mais appétissantes. « Nos clients sont principalement des polonais » déclare Ksia, une salariée de 36 ans. Elle est arrivée en 2011 de Cracovie et déplore entendre principalement parler slave au magasin. Elle n’a pas suffisamment progressé en français à son goût. Sa collègue Iwona parle d’ailleurs avec elle dans leur langue d’origine. Les préparations sucrées ou salées, étalées dans la vitrine réfrigérées, sont toutes des spécialités Polonaises. Les charcuteries, les conserves ou les alcools disposés sur les petites étagères sont tous importés du pays. Et Ksia l’affirme « j’adore faire découvrir les produits de chez moi aux parisiens ».

Crédits photos : Fabrice Héricher

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