Zoom sur deux familles immigrées qui, faute de logement, passent la nuit dans une tente à deux pas de l’Hôtel de Ville (IVe arrondissement) et de sa façade illuminée pour les Jeux Olympiques Paris 2024.
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Sous 7 degrés et plusieurs couches de vêtements, Le Parisien s’est rendu devant le BHV Marais situé dans le IVe arrondissement de Paris, mardi 12 décembre 2023. Il est 21 heures, et comme depuis plusieurs semaines, des familles ont trouvé refuge au pied du grand magasin. Entre les illuminations de Noël et les sapins, enfants et parents affrontent la nuit.
En France, près de 3 000 mineurs dorment dans la rue d’après le décompte des associations unies (l’UNICEF France, la FCPE, Jamais sans toit) rendu public le 17 octobre. Deux mois plus tôt, 1 990 enfants étaient déjà sans solution et dormaient à même le sol, dans une tente ou sur un trottoir.
Dans son communiqué, le collectif alerte et insiste : « Il est nécessaire de créer 10 000 places d’hébergement supplémentaires pour que plus personne, et particulièrement les enfants ne fassent leur nuit dehors».
Ahsan, Fatmah et leur fille Mariam
Ahsan, 26 ans, est réfugié politique. Il a fui l’Iran avec son épouse Fatmah, 36 ans, et leur fille Mariam, 4 ans.
« Nous n’avons pas peur à Paris parce que j’étais un homme politique en Iran. J’étais actif au sein du Komala, un parti communiste, et j’étais menacé. Mais je suis inquiet pour mon petit frère de 17 ans. Il a été arrêté et je ne sais pas dans quelle prison il se trouve. Il va être torturé. Lors de la traversée, j’ai perdu ma deuxième fille de trois ans dans l’eau entre la Grèce et la Turquie. Le bateau pneumatique a explosé. Nous venons ici la nuit depuis deux semaines. Pendant la journée nous allons dans un endroit où nous pouvons recharger notre téléphone, nous asseoir sur une chaise ou prendre le petit-déjeuner ou le thé. On est heureux car depuis deux mois Fatmah est enceinte. »
Katia, Besou et Nika
Katia et Besou, âgés de 30 ans, sont géorgiens. Ils vivent en France depuis un an et à Paris depuis deux mois. Leur fils Nika, 10 ans, a appris le français dans une école parisienne. Il est 22 heures lorsque la famille installe sa tente et utilise des cartons en guise de matelas.