Arthur Bourgeois, ancien salarié de l’OFII : « Tout le monde connaît l’OFPRA mais tout le reste, c’est l’OFII qui s’en occupe »

Arthur Bourgeois a travaillé pendant plusieurs années à l’OFII, notamment à Paris. Pour le Parisien, il donne un éclairage sur les missions de cet organisme crucial pour les immigrés.

Ancien chargé de mission, Arthur Bourgeois nous aide à mieux comprendre comment se déroule la prise en charge des immigrés à l’OFII, à travers cinq questions.

Qu’est-ce que l’OFII ?

Tout le monde connaît l’OFPRA, qui octroie la demande d’asile, mais tout le reste, c’est l’OFII qui s’en occupe. Il gère par exemple l’intégration des primo-arrivants, quelle que soit leur nationalité, qu’ils soient états-uniens ou somaliens. Leur est dédiée une formation civique et linguistique. L’OFII gère aussi l’accueil des demandeurs d’asile.

Une personne qui demande l’asile se voit aussitôt proposer une offre de prise de charge par l’OFII, dans le cadre du Dispositif national d’accueil : en gros, on s’occupe de lui trouver un hébergement, dans la mesure du possible, et on ouvre ses droits à une allocation, l’ADA (allocation aux demandeurs d’asile).

Pouvez-vous donner des précisions sur cette allocation ?

Elle s’élève à peu près à hauteur de l’équivalent de la moitié du RSA. La personne se voit donner une carte pour accéder à son allocation. A noter : si une personne refuse ou abandonne une place d’hébergement offerte, l’offre de prise en charge est retirée. Elle ne reçoit donc pas d’allocation.

Quelle était votre mission à vous ?

Moi je travaillais au siège, rue Bargue, dans le 15e. A l’OFII, je me suis occupé essentiellement des programmes d’intégration destinés aux primo-arrivants. Ces programmes incluent le CIR, le contrat d’intégration républicain, que l’immigré doit signer. Le contrat présente ses droits, soit l’accès à une formation linguistique et civique, et ses devoirs, c’est-à-dire l’assiduité à cette formation.

Ma première mission était de gérer la formation civique et de déployer la formation sur tout le territoire français.  

Que dire des démarches d’aide à l’hébergement ?

Pour les demandeurs d’asile, le dispositif national d’accueil est saturé. Chaque année, on compte beaucoup plus de demandes d’hébergement que d’offres. Et puis, pour les réfugiés, c’est-à-dire les personnes qui ont obtenu la protection internationale de la France, ils sont confrontés à la crise globale du logement en France.

Il y a à peu près 113 000 places d’hébergement en 2023 et elles sont remplies à 97 %. Les personnes sont souvent accueillies dans des CADA, des centres d’accueil pour demandeurs d’asile, eux-mêmes pris en charge par des associations. 

On donne la priorité aux personnes qui sont jugées vulnérables, par exemple, les femmes seules ou les femmes avec des enfants.

Le traitement des demandes d’asile peut s’avérer long, et il faut noter que le demandeur d’asile obtient le droit de travailler après 9 mois à partir du moment où il a posé sa demande d’asile, alors qu’il n’a pas nécessairement obtenu d’hébergement.

© KALASHNIKOVA IRINA/SIPA

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